A La Triche, on fait jeu de tout bois

Loisirs Le Muséum accueille une exposition consacrée aux jeux de société, spécialité du bar associatif La Triche

A La Triche, on fait jeu de tout bois

On pousse la porte et on s’installe sans façon autour d’une table. Il y a des passionnés, des spécialistes, des solitaires, des voisins et des bandes de copains. « Moi, j’m’en fous, j’triche », plus simplement appelé La Triche, est l’un des seuls, voire le seul bar à jeux de cette importance en France. Il ne faut pas se fier à l’étroitesse du lieu, rapidement bondé au cours de la soirée. La Triche (1er) compte 1500 adhérents et propose 800 jeux de société.
Elisabeth, une des fondatrices de l’association, déplie avec émerveillement un jeu du Tibet, parle de ce superbe jeu de go, « le meilleur et le plus fort des jeux ». « J’ai commencé à acheter des jeux pour leur beauté, comme des œuvres d’art. Puis à m’intéresser aux mécanismes de la pensée dans le jeu. » Il en va des jeux comme de la littérature, avec ses classiques, ses étrangers et ses auteurs que La Triche essaie de mettre en avant, comme le Lyonnais Pascal Rolly, créateur du I Ching, ou Philippe Lefrançais, avec son Diaballik.
« Ce que j’aime ici, c’est la variété des jeux, à apprendre et à partager », résume Vincent, postier et adhérent d’un cercle de bridge. Ils sont trois partenaires ce soir-là, avec Claire, étudiante, et Gilbert, informaticien, fondu de cartes asiatiques. « J’ai été d’abord collectionneur, puis joueur. Le jeu est une façon de découvrir le monde, d’autres civilisations, d’autres manières de vivre et de penser », estime-t-il. Il s’avoue « accro », mais prudent : « Si je ne joue pas au moins deux soirs par semaine, je ne me sens pas bien. J’ai décidé de ne jamais jouer d’argent et je n’ai pas mis une fois les pieds dans un casino. » Ces précautions prises, le jeu a ceci de particulier et de jouissif qu’il est sans conséquences. Claire, qui épuise ses nuits à jouer avec ses amis, parle de « bulle » dans la réalité : « Les rapports humains sont différents dans le jeu. Mais nous savons que, quoi qu’il arrive pendant une partie, ça n’affectera pas une amitié », dit-elle, avant de miser des millions de dollars fictifs sur un coup de dés.

Sandrine Boucher

19 bis, rue Sergent-Blandan, Lyon 1er. Tél. 04 78 30 73 34.
Du mercredi au vendredi de 19 h à 1 h du matin, le samedi de 15 h à 1 h du matin, le dimanche de 15 h à 19 h.

Article paru dans 20 Minutes le 26 octobre 2004.

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