Les années 2012 à 2018 selon Thomas

‘’À mon tour de prendre le relais de Seb et Matthieu, pour poursuivre cette narration qu’il a entamée. Comme lui, je ne prétendrai pas à l’objectivité, bien au contraire (je vous avoue même écrire ce texte avec beaucoup beaucoup d’émotion), et c’est à travers mon expérience en tant que référent de l’organisation des 10 ans de la Triche puis comme membre du CA que je vais vous faire partager ces 6 années. Je citerai volontairement le plus possible de gens, parce que l’association existe grâce à tous les bénévoles qui la font vivre et que c’est une façon de leur dire merci pour tout ce qu’ils ont fait (et font encore). Il y a eu tant de bénévoles que je ne pourrais bien sûr pas tous les citer et je m’en excuse par avance, mais ça ne veut pas dire que je les oublie.

Je suis donc arrivé à l’association en 2012, au milieu, je m’en rendrai compte plus tard, d’une période de transition. C’est-à-dire qu’une génération de bénévoles était sur le départ et qu’une nouvelle était en train d’arriver. Oh bien sûr, ce « remplacement » ne s’est pas fait d’un coup. C’est aujourd’hui, alors que cette nouvelle vague est, à son tour, petit à petit, en train de laisser la place, que je me rends compte qu’ils sont comme ça nos bénévoles : ils forment un groupe d’inconnus qui arrivent à un moment, se rencontrent, font vivre l’association, deviennent amis (avec parfois tous les référents qui partent en vacances ensemble et qu’aucun n’est plus dispo) ou plus parfois, et puis la vie suivant son cours, laissent la place à un nouveau groupe qui reprend le flambeau. Là-dessus je rejoindrai ce que nous ont dit nos fondateurs lors de leur interview pendant l’année des 10 ans : « Et c’est très bien comme ça ! »
Mais commençons par le début.

Me voilà donc arrivé en 2012. À cette époque-là, l’animation estivale place Colbert démarrait tout juste, l’adhésion passait sur 14 mois, le mur des jeux du balcon venait d’être créé il me semble, le changement de logo et le virulent débat qu’il avait entraîné commençait à être oublié, Gauthier faisait des animations jeux auprès de l’Association des Paralysés de France, JB organisait déjà ses journées casse-tête, Jérôme était déjà présent tous les soirs pour aider les bénévoles en détresse, Paul aussi, attendant des joueurs, Camille était déjà référente du groupe com’, Maël écrivait ces hilarantes newsletter, SEb animait des conférences sur l’histoire du jeu et Clément des minis-formations sur « Comment expliquer un jeu » (et dont je suis toujours la méthode lorsque je dois en expliquer un !).

Je me souviens avoir eu l’impression de rejoindre une association bouillonnante, hyper active et hyper organisée, avec le tandem au CA des frères ennemis Grégoire et Gérald, si opposés mais si complémentaires (depuis le temps que je rêve de leur dire ça à tous les deux). Cette année était également l’année de préparation pour le groupe des 10 ans, puisque il avait été décidé d’organiser un week-end à destination des bénévoles pour fêter ça. C’est d’ailleurs en posant la question au « mauvais » moment que je me suis retrouvé référent du groupe, alors que j’arrivais à peine dans l’association. Au passage, je ne raconte pas cette anecdote pour rien, ceci est un petit message pour toi, nouveau bénévole qui vient d’arriver : cette association est déjà la tienne, et tu n’es ni moins légitime ni moins compétent qu’un autre pour y participer. Alors fonce !

2013 a donc été marquée par l’anniversaire de l’association. 10 ans déjà ! A cette occasion, de nombreux évènements ont eu lieu : des interviews des bénévoles un peu plus impliqués que les autres dans le monde du jeu, de nos membres fondateurs etc. Et oui, le groupe a finalement décidé d’aller bien au-delà du cahier des charges que le CA lui avait fixé à la base (Je crois d’ailleurs qu’on l’a un peu surpris lors de la venue du podcast Proxi-jeux pour une émission spéciale dans nos locaux et qu’on a annoncé à ce moment-là le programme de l’année, beaucoup plus chargé que prévu). Mais on a quand même respecté notre mission, et c’est cette année-là qu’est né le Week-End Bénévole (WEB), qui a été une telle réussite qu’il est depuis renouvelé chaque année.

Bref, une année riche et dense, avec plein d’évènements marquants. Je me rappelle en particulier la rencontre avec les fondateurs nous disant : « Maintenant c’est votre asso, à vous de la faire vivre sans nous » et de la soirée d’anniversaire qui a été une chouette fête.
Bon, je ne peux malheureusement pas parler des 10 ans sans parler de ce qui a été la plus grande gabegie d’argent et d’énergie de l’association à ce jour, à savoir le jeu de la Triche. Le but était de faire un goodies pour nos adhérents mais aussi de s’en servir comme support pour des animations autour de la création de jeu. Le jeu se composait exclusivement de cartes, chaque couleur ayant son thème: les jeux marquants, les tâches des bénévoles, les animations marquantes, les cartes d’adhésions et les éléments importants du local. Le groupe a dépensé une énergie assez folle pour créer ce jeu mais une accumulation de retards et un produit fini décevant furent fatals à la motivation du groupe, et à ce jour la majorité des 2000 jeux fabriqués sont encore dans des cartons et les 5000€ qu’ils ont coûté ont bien été gaspillés. Mais je ne désespère pas de réussir à en faire quelque chose un jour !

2013 a également été l’année où la Triche a annulé sa participation à Tout l’monde dehors, pour protester contre la récupération politique et le choix d’un lieu dangereux pour les enfants. C’est l’indépendance financière de l’association qui lui a permis ce geste de protestation. Cela n’a pas été sans conséquence sur nos relations avec d’autres membres de la communauté ludique lyonnaise, et n’a pas aidé le collectif Tous en Jeux qui commençait déjà à battre de l’aile et qui s’arrêtera à peine quelques années plus tard. La Triche a même été temporairement radiée du collectif, avant d’y être finalement réintégrée l’année suivante. Au final, les choses se sont arrangées avec nos partenaires, et cet évènement a renforcé l’idée que la Triche ne devait pas dépendre de subventions pour vivre. À ce jour d’ailleurs, l’association n’en reçoit que dans le cadre de l’animation estivale place Colbert.

En 2013 également, la Triche étant de plus en plus sollicitée pour animer des évènements en extérieur, a été créé le groupe ELAN (Equipe des Ludo Animateurs Nomades, oui on garde les jeux de mots pourris) avec sa mascotte Roland-Friedrich l’élan de la Triche, chargé d’organiser les évènements à l’extérieur de la triche. À l’époque, la Triche s’est fixée pour règle de n’accepter que les évènements gratuits ouverts à tous, ce qui n’a pas empêché le CA de débattre régulièrement pour savoir si l’on acceptait ou non telle ou telle sollicitation. Néanmoins, après avoir commencé par bien fonctionner, le groupe a fini par être seulement porté à bout de bras par Fanny, et il a finalement été arrêté en 2017, et les animations ont été renvoyées vers les autres structures proposant ce genre d’animation.

Et oui, le groupe CERF (Comité en Responsabilité de la Fête, le groupe organisant le WEB) a été nommé ainsi parce que le groupe ELAN a lancé la courte mode des noms de groupe selon des bêtes à corne.
En 2014 a été lancé le projet de rénovation de la devanture, toujours en cours aujourd’hui (mais qui avance si, si). Et oui, on ne s’est pas amélioré pour la gestion de l’administratif, même si l’administration ne nous a pas beaucoup aidé non plus. C’est aussi au cours de cette année qu’ont petit à petit été arrêtées les animations Pac Man urbain et les soirées Loup Garou, en particulier pour ces dernières suite au départ de Dryss.

C’est également autour de ces années-là que les partenariats avec les éditeurs ont vraiment explosés, notamment avec Iello qui a longtemps utilisé la Triche comme vivier d’animateurs pour ses salons, et qui a commencé à nous faire parvenir régulièrement des jeux. Il faut dire que l’embauche de Matthieu chez eux a évidemment beaucoup aidé. On pourra en citer beaucoup d’autres bien sûr, la liste des éditeurs à remercier chaque année pour des dons de jeux est de plus en plus longue, au point qu’aujourd’hui, la conservation de cette immense ludothèque pose question.
Bien sûr, les auteurs sont toujours les bienvenus, et depuis peu, la Triche organise même des expositions avec les œuvres des illustrateurs de jeux.

Si la Triche est toujours citée chaque année par le Routard, le Petit Paumé en revanche nous boude, depuis qu’on refuse de faire un cadeau à ses responsables pour qu’ils viennent visiter le local.

En 2015, on essaie de changer des choses avec le bar. Tout d’abord avec le groupe Binouz’ (les animaux à cornes ont déjà disparu des noms de groupe) en charge de la bière du moment, c’est-à-dire de trouver une ou plusieurs bières qui seront présentes pendant un temps limité à la Triche. Je dis groupe, mais c’est souvent des individus seuls qui se sont chargés de cette tâche, en commençant par Yann, puis Henri et enfin Marjorie. Le groupe a peut-être connu sa seule disconvenue lorsque les bouteilles d’une des bières se sont mises à exploser dans la réserve. C’est le risque de travailler avec des micro-brasseries. Le bar a également évolué, avec l’ajout de barres chocolatées type Mars et de M&Ms. Les premières sont d’ailleurs en passe de disparaître, remplacées par des gâteaux secs, pour poursuivre le credo de l’association de proposer des produits bons et surtout locaux et artisanaux. Credo qui nous a joué des tours lorsque le CA a décidé de tester la mise en place de fruits secs, et que ce sont des mites alimentaires qui se sont échappées du bocal lors de la présentation du système aux bénévoles. Bon, on a quand même bien rigolé à ce moment-là, mais l’aventure fruits secs n’est pas allée plus loin.

Malgré la fin de Tous en Jeux, la Triche a continué les partenariats et ses animations extérieures. L’animation estivale lancée Place Colbert continue toujours, même si elle s’est délocalisée en 2016 à la K’fête aux Mômes. Si le lieu est moins intéressant, il était devenu assez difficile de travailler avec les nouveaux gérants du bar Place Colbert, avec une logistique devenue un peu compliquée. Cela dit, pas toujours facile d’amener des tables et chaises au milieu des Pentes, comme l’attestent les deux camions emboutis lors de cette mission. L’animation estivale se déplacera peut-être encore. Pourquoi pas au musée Gadagne, avec qui on a travaillé cet été ? Ca c’est l’avenir qui le dira.
Depuis la création du salon, la Triche est également un partenaire d’OctôGones et continue non seulement d’abondamment fournir en jeux le pôle plateau, mais aussi de proposer de nombreux animateurs, et même plusieurs organisateurs pour le salon.

En 2017, un projet de longue haleine a enfin été concrétisé : la création officielle du réseau des cafés ludiques ! Depuis longtemps le projet était dans les tuyaux, lancé et relancé pendant des années par la Triche et d’autres cafés-jeux, à travers des réunions à Cannes notamment. Certes, la Triche avait déjà prêté de l’argent au Dé Masqué à Dijon pour qu’ils se lancent, mais peu d’autres actions avaient été concrétisées. C’est lors du retour de Cannes 2015, où, par faute d’organisation la Triche n’avait pas vraiment aidé pour la tenue du bar du off, initiative lancé par Archijeux, que l’association a décidé de réagir. Un groupe, mené par Vincent (qui lui aussi a toussé au mauvais moment) a été créé pour porter le projet. Très vite, une invitation a été lancée pour que les cafés-jeux se regroupent à Lyon pour apprendre à se connaître, jouer et bien sûr travailler sur l’association à créer. Le week-end a été une belle réussite, plusieurs bénévoles hébergeant nos visiteurs. Après un dernier coup de collier, les statuts sont finalisés et le réseau officiellement créé lors de l’édition 2017 du festival de Cannes. La Triche prend alors le rôle de secrétaire et sera représentée au début par Colombine. Depuis le réseau se construit : il a passé les 25 membres, la Triche a aidé La Feinte de l’Ours à Nancy à financer leur changement de local, a soutenu le projet de Melik et Nicolas d’ouvrir le Shruberry à Villeurbanne et s’est bien rattrappé puisqu’elle impressionne encore les autres cafés par le nombre de bénévoles qui se relaient maintenant derrière le bar du Off à Cannes. C’est aussi Nathalie, employée depuis plusieurs années par la Triche, qui représente le réseau au sein du jury de l’As d’Or.

Et puis au fil des années, la Triche a continué à vivre : renforcement des mesures de sécurité, formation premiers secours aux bénévoles, groupe évènement qui se démène pour faire vivre le local, travaux dans les toilettes pour permettre l’accès aux personnes handicapées, réflexion sur le fait de devenir d’intérêt général (ce sera non) etc. Et tout sans que n’évolue le coût de l’adhésion. Pendant deux années, la Triche a aussi essayé de plus s’ouvrir aux familles, notamment en prenant Salomé et Nina en stage, ou en organisant un partenariat avec le Passeur de Jeu. Malheureusement, malgré beaucoup d’énergie dépensée, les résultats n’ont pas été pleinement au rendez-vous.

Mon récit avait commencé avec l’arrivée d’une vague de bénévoles, il se termine avec son départ. Celui-ci a commencé à se faire sentir durant l’exercice 2016-2017, une année où il a été très difficile d’assurer les permanences. Savoir comme motiver, recruter et garder nos bénévoles ont été des questions au centre de tous les débats du CA pendant l’année, ce qui donnera naissance au système de parrainage. En lisant le CRAG (compte-rendu de l’assemblée générale) de 2012, je découvre d’ailleurs que c’est exactement les mêmes interrogations qui ont occupé le CA cette année-là.

Et puis, et puis ! La nouvelle vague a commencé à arriver, et l’année 2017-2018 a été l’exacte inverse de la précédente : presque aucune permanence non assurée, un nombre d’adhérents qui passe la barre des 5000, plein de nouveaux bénévoles impliqués etc. J’ai pensé longtemps que le symbole de ce renouvellement serait l’arrêt des permanences hebdomadaires de Maël et Grégoire, mais finalement, comme Camille remplaçant Thomas comme référent du groupe jeux en 2012, ce sera son départ de ce même groupe qui marque peut être pour moi cette transition.

Que de choses se seront passées durant ces 6 années ! Lors de la préparation des 10 ans, j’étais impressionné par ce que l’association avait déjà fait. Je me relis et vois qu’à notre tour, nous n’avons pas à rougir, et je suis sûr que la suite sera tout aussi impressionnante. Si ma génération de bénévoles prend peu à peu ses distances avec la Triche, elle reste encore présente dans le monde du jeu : l’une devient illustratrice de jeux, l’autre animateur d’un espace jeux pour la bibliothèque de Lyon, vendeur en boutique spécialisé, traducteur de jeux, auteur peut être, testeur de prototypes, chroniqueur ludique, instituteur qui enseigne avec les jeux… Elle a changé, cette génération : de boulot, de logement, de train de vie, de ville parfois.  Elle s’est mis en couple aussi, parfois avec d’autres bénévoles, a eu des enfants, et si elle part, elle revient encore faire un tour de temps en temps. Que de joies, de rires, d’engueulades aussi, de projets, de rencontres, pendant ces 6 années. A mon tour, je vous souhaite les mêmes choses à vous qui viendrez après nous, et qui êtes même déjà là. Comme SEb, je vous dirais simplement ceci, :  c’est à vous maintenant…

Thomas
Texte rédigé en septembre 2018

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